Sommaire
Le variant Omicron, devenu majoritaire en France, est à l’origine d’une cinquième vague de contaminations en France. Le Haut Conseil de la Santé Publique devrait prochainement faire une déclaration sur le sujet de l’utilisation des masques FFP2 à l’échelle de la population. Dans ce contexte, de nombreux pays voisins, comme l’Allemagne et l’Autriche, ont déjà imposé le port de masques FFP2 à tous les citoyens. En France, des appels sont lancés pour que la même législation soit mise en œuvre.
Depuis que le Premier ministre Jean Castex a annoncé de nouvelles restrictions sanitaires le 27 décembre, le port du masque, qui était déjà obligatoire dans les lieux publics, s’est répandu dans le centre-ville.
Quelle est la différence entre le FFP2 et les masques chirurgicaux en termes de protection ?
Selon l’Institut national de recherche et de sécurité (INRS), le masque FFP2 a été créé à l’origine pour être utilisé dans le secteur médical et le secteur du bâtiment afin de protéger l’utilisateur contre l’inhalation de gouttes et de particules en suspension dans l’air (INRS).
Et c’est en cela qu’il s’intéresse à la transmission du coronavirus : il protège l’utilisateur des sécrétions des autres ainsi que des postillons libérés. Ce masque, qui se veut étanche, bloque pratiquement tout : “il filtre 94 % des particules de 0,6 micron, ce qui est nettement plus petit que le masque chirurgical”, explique Thierry Lavigne. Il faut toutefois garder à l’esprit que ces statistiques ne sont exactes que lorsque le masque FFP2 est correctement porté, c’est-à-dire lorsqu’il est bien adapté au visage.
Parce qu’il est moins ajusté que le FFP2, le masque chirurgical, très apprécié du grand public depuis un an et demi, est plus simple à porter. Il est destiné à faire office de barrière contre les émissions de particules. Hélène Rossinot précise qu’il “protège les autres de nos sécrétions”. Un masque chirurgical filtrera 98 % des particules de 3 millimètres contenues dans nos expectorations. En un mot, il protège des particules qui sont nettement plus grosses que le FFP2.
Faut-il encourager l’utilisation des masques FFP2 dans les environnements confinés ?
Hélène Rossinot répond : “Absolument”. L’experte en santé publique cite l’exemple de l’Allemagne, où le masque FFP2 est obligatoire dans les transports publics, les magasins, et est fréquemment utilisé dans les milieux confinés. “C’est vraiment dans les endroits où la ventilation est la plus difficile : donc clairement dans les transports en commun, les supermarchés, les écoles, les hôpitaux, les entreprises, tous les endroits où il est difficile d’avoir une ventilation vraiment régulière, plusieurs fois par heure”.
Thierry Lavigne est plus prudent : “Il est absolument indispensable d’empêcher ou de minimiser le stationnement dans les zones densément peuplées et mal ventilées.” Ces endroits sont toutefois des cadres dangereux pour les médecins, non pas parce que les individus portent uniquement des masques chirurgicaux, mais parce qu’ils ne sont pas portés de manière appropriée. “C’est un peu comme si les gens avaient l’habitude de grignoter du pop-corn en se tenant près les uns des autres dans les salles de cinéma”, ajoute-t-il. Depuis le 3 janvier, toute vente de boissons ou de confiseries est interdite dans les cinémas.
Qu’est-ce qui est le plus approprié pour le grand public ?
“Un masque chirurgical correctement porté offre réellement un niveau de protection substantiel pour le grand public”, affirme Thierry Lavigne, président du conseil scientifique de la Société française d’hygiène hospitalière. De nombreux épidémiologistes s’accordent à dire que le masque FFP2 est trop sophistiqué pour être utilisé par le grand public. Sur son site Internet, la DGCCRF indique d’ailleurs aux utilisateurs que “ces masques sont destinés uniquement aux professionnels de santé.” Elle accorde une dérogation pour les personnes immunodéprimées qui ne peuvent pas être vaccinées. Dans cette situation, le port d’un FFP2 créerait une barrière supplémentaire.
Hélène Rossinot, pour sa part, estime qu’il devrait être étendu à toutes les “personnes vulnérables”, comme les personnes âgées et celles souffrant d’une maladie chronique. Et s’étonne que les plus vulnérables ne soient pas remboursés.
Le FFP2 est-il plus résistant que le variant Omicron ?
“Omicron est plus infectieux car il pénètre plus rapidement nos muqueuses et les récepteurs de nos cellules, ce qui permet de transférer la maladie avec une exposition moindre à cette version”, explique Hélène Rossinot. “On pense qu’elle est plus infectieuse, transmissible, pour ces raisons, même si les chemins pour atteindre le patient sont les mêmes que pour les autres formes.”
“Dans un environnement classique où l’air circule et où nous ne sommes pas nez à nez avec un patient qui souffle, précise Thierry Lavigne, le masque chirurgical fonctionne plutôt bien.” Même face à la virulence de la variante Omicron, le médecin estime que le masque FFP2 ne doit être porté que lorsqu’on est “fortement exposé.” Il affirme qu’aucune étude scientifique n’a encore prouvé qu’il y a plus de raisons d’utiliser un masque FFP2 aujourd’hui qu’avec les variétés Delta ou Alpha.
Le FFP2 est-il adapté à des professions spécifiques ?
“Tous les soignants, y compris les employés des EHPAD, les soignants de ville, et tous ceux qui prennent soin des autres, devraient en porter un !” déclare Hélène Rossinot. Les FFP2 ne sont aujourd’hui utilisés que par les personnels de santé dans des domaines spécifiques (réanimation, infectiologie…) lors d’actions exposant les soignants au virus, comme l’intubation de patients covidés ou les séances de kinésithérapie respiratoire.
Qu’en est-il des enseignants ?
Le syndicat SNUIPP-FSU a répondu que “les masques sont fournis par les professeurs. La FFP2 est parfois mieux protégée. Nous avons des assistantes maternelles qui ont démasqué devant elles des enfants qui sont fréquemment souffrants, et beaucoup d’assistantes maternelles utilisent des masques FFP2.”
Jusqu’à récemment, ces employés avaient reçu des masques en coton de la part de leurs patrons. Parce que “c’est très difficile de créer des cours avec”, le ministre de l’Éducation nationale a écarté la perspective de fournir des masques FFP2 aux moniteurs.
La question est difficile pour Thierry Lavigne. Tout dépend des circonstances : si la salle de classe est mal ventilée, si les enfants ne portent pas de masque en maternelle, s’il y a des symptômes chez les élèves, le port du masque FFP2 peut être envisagé, mais “cela ne réglera pas tout.”
Il reste indispensable de s’assurer que le masque est bien porté, qu’il n’est pas manipulé de manière excessive, et que la gêne occasionnée par le masque est acceptée par le moniteur. Toutefois, à l’école élémentaire, où les élèves portent un masque en classe dès le CP, le masque chirurgical est parfaitement acceptable.
Quelle est la bonne façon de mettre un masque FFP2 ?
“Ça n’évite rien si on a un FFP2 et qu’on fait n’importe quoi d’autre”, explique Thierry Lavigne. Hélène Rossinot poursuit : “Le FFP2 est pénible à transporter. Inspirez profondément pour vous assurer que votre masque FFP2 est bien fixé. S’il ne tient pas contre votre visage, vous devrez ajuster la taille “… Les masques FFP2 existent en différentes formes et tailles : bec de canard, coquille, bateau…. Une fois que vous avez identifié votre modèle, suivez les instructions d’Hélène Rossinot dans la vidéo ci-dessous pour appliquer correctement votre masque.
Enfin, les deux experts soulignent que le simple port d’un masque, qu’il soit chirurgical ou FFP2, est insuffisant. Le maintien des gestes de barrière est crucial pour une protection optimale. La réapparition des gastro-entérites et des bronchiolites, absentes l’hiver dernier, démontre que les Français ont abandonné ces gestes, tout aussi cruciaux pour lutter contre la transmission virale. “Si on ne met que des masques et qu’on ne fait rien d’autre, les épidémies se produiront quand même et le virus se propagera”, affirme Thierry Lavigne.
Quand faut-il les remplacer ?
Selon l’Institut national de recherche et de sécurité (INRS) et le Haut Conseil de la santé publique, le masque chirurgical doit être remplacé toutes les quatre heures ou lorsqu’il devient humide (HCSP). “Quand on se promène en ville et qu’il s’embue, il faut le remplacer car il est moins efficace”, explique Hélène Rossinot.
Veuillez vérifier les instructions de votre lot pour les masques FFP2 ; il peut y avoir des différences en fonction de la marque. S’ils sont portés et gérés correctement, certains peuvent durer jusqu’à huit heures, huit heures étant le maximum absolu. Enfin, l’Agence nationale de sécurité sanitaire française déconseille l’utilisation de masques en graphène.
Le graphène est employé dans une variété de dispositifs médicaux, dont trois références de masques FFP2, pour ses qualités antivirales. Cependant, il n’y a pas assez d’informations pour dire si les particules contenues dans ces masques sont potentiellement dangereuses en cas de consommation.
Le FFP2 est-il plus cher ?
Oui. Un paquet de 20 masques FFP2 coûte 12 euros en pharmacie, contre 6,50 euros pour la même quantité de masques chirurgicaux. Toutefois, contrairement au masque chirurgical, qui doit être remplacé toutes les quatre heures, vous pouvez le conserver un peu plus longtemps.